il distinguait deux manières de philosopher. La première procède par analyse ; elle résout les choses en leurs éléments inertes ; de simplification en simplification elle va à ce qu’il y a de plus abstrait et de plus vide. Peu importe d’ailleurs que ce travail d’abstraction soit effectué par un physicien qu’on appellera mécaniste ou par un logicien qui se dira idéaliste : dans les deux cas, c’est du matérialisme. L’autre méthode ne tient pas seulement compte des éléments, mais de leur ordre, de leur entente entre eux et de leur direction commune. Elle n’explique plus le vivant par le mort, mais, voyant partout la vie, c’est par leur aspiration à une forme de vie plus haute qu’elle définit les formes les plus élémentaires. Elle ne ramène plus le supérieur à l’inférieur, mais, au contraire, l’inférieur au supérieur. C’est, au sens propre du mot, le spiritualisme.
Maintenant, si l’on examine la philosophie française du xixe siècle, non seulement chez les métaphysiciens, mais aussi chez les savants qui ont fait la philosophie de leur science, voici, d’après M. Ravaisson, ce qu’on trouve. Il n’est pas rare que l’esprit s’oriente d’abord dans la direction matérialiste et s’imagine même y persister. Tout naturellement il cherche une explication mécanique ou géométrique de ce qu’il voit. Mais l’habitude de s’en tenir là n’est qu’une survivance des siècles précédents. Elle date d’une époque où la science était presque exclusivement géométrie. Ce qui caractérise la science du xixe siècle, l’entreprise nouvelle qu’elle a tentée, c’est l’étude approfondie des êtres vivants. Or, une fois sur ce terrain, on peut, si l’on veut, parler encore de pure mécanique ; on pense à autre chose.
Ouvrons le premier volume du Cours de philosophie positive d’Auguste Comte. Nous y lisons que les phénomènes observables chez les êtres vivants sont de même nature que