l’emploi nouvellement créé d’inspecteur des bibliothèques. M. Ravaisson se trouva ainsi engagé dans une voie assez différente de celle à laquelle il avait pensé. Il resta inspecteur des bibliothèques jusqu’au jour où il devint inspecteur général de l’Enseignement supérieur, c’est-à-dire pendant une quinzaine d’années. À plusieurs reprises, il publia des travaux importants sur le service dont il était chargé — en 1841, un Rapport sur les bibliothèques des départements de l’Ouest ; en 1846, un Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Laon ; en 1862, un Rapport sur les archives de l’Empire et sur l’organisation de la Bibliothèque impériale. Les recherches d’érudition l’avaient toujours attiré, et, d’autre part, la connaissance approfondie de l’antiquité que révélait son Essai sur la métaphysique d’Aristote devait assez naturellement le désigner au choix de l’Académie des Inscriptions. Il fut élu membre de cette Académie en 1849, en remplacement de Letronne.
On ne peut se défendre d’un regret quand on pense que le philosophe qui avait produit si jeune, en si peu de temps, deux œuvres magistrales, resta ensuite vingt ans sans rien donner d’important à la philosophie : le beau mémoire sur le stoïcisme, lu à l’Académie des Inscriptions en 1849 et 1851, publié en 1857, a dû être composé avec des matériaux réunis pour l’Essai sur la métaphysique d’Aristote. Pendant ce long intervalle, M. Ravaisson cessa-t-il de philosopher ? Non, certes, mais il était de ceux qui ne se décident à écrire que lorsqu’ils y sont déterminés par quelque sollicitation extérieure ou par leurs occupations professionnelles. C’est pour un concours académique qu’il avait composé son Essai, pour son examen de doctorat la dissertation sur l’Habitude. Rien, dans ses nouvelles occupations, ne l’incitait à produire. Et peut-être n’aurait-il jamais formulé les conclusions