pour les arts en général, pour la peinture en particulier. Sa mère, artiste de talent, rêvait peut-être de faire de lui un artiste. Elle le mit entre les mains du peintre Broc, peut-être aussi du dessinateur Chassériau, qui fréquentait la maison. L’un et l’autre étaient des élèves de David. Si M. Ravaisson n’entendit pas la grande voix du maître, du moins put-il en recueillir l’écho. Ce ne fut pas par simple amusement qu’il apprit à peindre. À plusieurs reprises il exposa au Salon, sous le nom de Laché, des portraits qui furent remarqués. Il dessinait surtout, et ses dessins étaient d’une grâce exquise. Ingres lui disait : « Vous avez le charme. » À quel moment se manifesta sa prédilection pour la peinture italienne ? De bonne heure sans doute, car dès l’âge de seize ou dix-sept ans il exécutait des copies du Titien. Mais il ne paraît pas douteux que la période comprise entre 1835 et 1845 date l’étude plus approfondie qu’il fit de l’art italien de la Renaissance. Et c’est à la même période qu’il faut faire remonter l’influence que prit et garda sur lui le maître qui ne cessa jamais d’être à ses yeux la personnification même de l’art, Léonard de Vinci.
Il y a, dans le Traité de peinture de Léonard de Vinci, une page que M. Ravaisson aimait à citer. C’est celle où il est dit que l’être vivant se caractérise par la ligne onduleuse ou serpentine, que chaque être a sa manière propre de serpenter, et que l’objet de l’art est de rendre ce serpentement individuel. « Le secret de l’art de dessiner est de découvrir dans chaque objet la manière particulière dont se dirige à travers toute son étendue, telle qu’une vague centrale qui se déploie en vagues superficielles, une certaine ligne flexueuse qui est comme son axe générateur [1]. » Cette ligne
- ↑ Ravaisson, article Dessin du Dictionnaire pédagogique.