préférence arrêtée pour la philosophie, sans avoir aperçu clairement où était sa voie. Ce fut votre Académie qui la lui montra.
L’ordonnance royale du 26 octobre 1832 venait de rétablir l’Académie des Sciences morales et politiques. Sur la proposition de M. Cousin, l’Académie avait mis au concours l’étude de la Métaphysique d’Aristote. « Les concurrents, disait le programme, devront faire connaître cet ouvrage par une analyse étendue et en déterminer le plan, — en faire l’histoire, en signaler l’influence sur les systèmes ultérieurs, — rechercher et discuter la part d’erreur et la part de vérité qui s’y trouvent, quelles sont les idées qui en subsistent encore aujourd’hui et celles qui pourraient entrer utilement dans la philosophie de notre siècle. » C’est probablement sur le conseil de son ancien professeur de philosophie que M. Ravaisson se décida à concourir. On sait comment ce concours, le premier qui ait été ouvert par l’Académie reconstituée, donna les résultats les plus brillants, comment neuf mémoires furent présentés dont la plupart avaient quelque mérite et dont trois furent jugés supérieurs, comment l’Académie décerna le prix à M. Ravaisson et demanda au ministre de faire les fonds d’un prix supplémentaire pour le philosophe Michelet de Berlin, comment M. Ravaisson refondit son mémoire, l’étendit, l’élargit, l’approfondit, en fit un livre admirable. De l’Essai sur la métaphysique d’Aristote le premier volume parut dès 1837, le second ne fut publié que neuf ans plus tard. Deux autres volumes étaient annoncés, qui ne vinrent jamais ; mais, tel que nous l’avons, l’ouvrage est un exposé complet de la métaphysique d’Aristote et de l’influence qu’elle exerça sur la philosophie grecque.
Aristote, génie systématique entre tous, n’a point édifié un système. Il procède par analyse de concepts plutôt que