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BIOLOGIE ET PHYSICO-CHIMIE

à sa dérivée, de l’équation de la courbe (c’est-à-dire de la loi du mouvement continu par lequel la courbe est engendrée) à l’équation de la tangente qui en donne la direction instantanée. Une pareille science serait une mécanique de la transformation, dont notre mécanique de la translation deviendrait un cas particulier, une simplification, une projection sur le plan de la quantité pure. Et de même qu’il existe une infinité de fonctions ayant même différentielle, ces fonctions différant les unes des autres par une constante, ainsi, peut-être, l’intégration des éléments physico-chimiques d’une action proprement vitale ne déterminerait cette action qu’en partie : une part serait laissée à l’indétermination. Mais tout au plus peut-on rêver une pareille intégration ; nous ne prétendons pas que le rêve devienne jamais réalité. Nous avons seulement voulu, en développant autant que possible une certaine comparaison, montrer par où notre thèse se rapproche du pur mécanisme, et comment elle s’en distingue.

On pourra d’ailleurs pousser assez loin l’imitation du vivant par l’inorganisé. Non seulement la chimie opère des synthèses organiques, mais on arrive à reproduire artificiellement le dessin extérieur de certains faits d’organisation, tels que la division indirecte de la cellule et la circulation protoplasmique. On sait que le protoplasme de la cellule effectue des mouvements variés à l’intérieur de son enveloppe. D’autre part, la division dite indirecte de la cellule se fait par des opérations d’une complication extrême, dont les unes intéressent le noyau et les autres le cytoplasme. Ces dernières commencent par le dédoublement du centrosome, petit corps sphérique situé à côté du noyau. Les deux centrosomes ainsi obtenus s’éloignent l’un de l’autre, attirent à eux les tronçons coupés et aussi dédoublés du filament qui composait essentielle-