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VIE ET CONSCIENCE

part et animaux de l’autre, a cherché une issue dans la double direction de l’instinct et de l’intelligence : elle ne l’a pas trouvée avec l’instinct, et elle ne l’a obtenue, du côté de l’intelligence, que par un saut brusque de l’animal à l’homme. De sorte qu’en dernière analyse l’homme serait la raison d’être de l’organisation entière de la vie sur notre planète. Mais ce ne serait là qu’une manière de parler. Il n’y a en réalité qu’un certain courant d’existence et le courant antagoniste ; de là toute l’évolution de la vie. Il faut maintenant que nous serrions de plus près l’opposition de ces deux courants. Peut-être leur découvrirons-nous ainsi une source commune. Par là nous pénétrerons sans doute aussi dans les plus obscures régions de la métaphysique. Mais, comme les deux directions que nous avons à suivre se trouvent marquées dans l’intelligence d’une part, dans l’instinct et l’intuition de l’autre, nous ne craignons pas de nous égarer. Le spectacle de l’évolution de la vie nous suggère une certaine conception de la connaissance et aussi une certaine métaphysique qui s’impliquent réciproquement. Une fois dégagées, cette métaphysique et cette critique pourront jeter quelque lumière, à leur tour, sur l’ensemble de l’évolution.