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Pour nous amener à une opinion, il faut des raiſons & des preuves ; nous les cherchons en vain. Quand il eſt queſtion de la troyance d’un Dieu, l’Auteur obſerve que ſon utilité n’eſt point un motif de l’embraſſer, ſi elle n’eſt prouvée d’ailleurs[1] : ici il veut nous perſuader le Matérialiſme, parce qu’il ſeroit utile, parce qu’il nous guériroit de nos maux. Oublions cette contradiction, il voyons l’utilité.

« Faute de connoître la Nature, l’homme, dit-il, ſe forma des Dieux qui ſont devenus les ſeuls objets de ſes eſpérances & de ſes craintes. . . . C’eſt à l’ignorance de la Nature que ſont dûes ces Puiſſances inconnues, ſous leſquelles le genre humain la ſi long-temps tremblé, & ces cultes ſi ſuperſtitieux qui furent la cauſe de ſes ſi maux »[2]. Le moyen le plus court de l’en débarraſier eſt de mettre la matiere à la place de Dieu.

Dans la ſeconde partie, l’Auteur ſoutient que l’homme s’eſt fait des Dieux, parce qu’il étoit malheureux ; à préſent il prétend que l’homme eſt malheureux, parce qu’il l’eſt fait des Dieux. Laquelle de ces deux appoſitions devons-nous préférer ?

  1. Tome 1, note de la page 25.
  2. Page 6. Contagion ſacrée, ch. 1 & 14. Eſſai ſur les préjugés, ch. 7, p. 154.