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que la Nature c’eſt la matiere & rien de plus, il ne comprendroit rien à la plupart des maximes du Matérialiſme. Que ſignifie celle-ci, par exemple : la Nature veut que l’homme travaille à ſon bonheur ? C’eſt-à-dire, dès que la matiere eſt arrangée de façon qu’il en réſulte le ſentiment, la penſée, &c. il eſt de ſon eſſence de travailler à ſon bonheur. Mais l’eſſence de la matiere change-t-elle par un nouvel arrangement ? La matiere eſt éternelle & néceſſaire ; c’eſt un principe ſacré chez les Matérialiſtes : ſon eſſence, ſes attributs, ſes propriétés, ſont donc éternels & néceſſaires comme elle. Si l’on raiſonne autrement, l’on tombe en contradiction.

4º. Selon notre Philoſophe, il eſt de l’eſſence de l’homme de travailler à ſon bonheur ; & il a commencé par nous dire que connoît la Nature. Il a donc travaillé à ſon malheur malgré ſon eſſence & en dépit de la Nature. Dans tout ce qu’il fait, l’homme eſt enchaîné « par des Loix auxquelles rien ne peut le ſouſtraire ; il ſubit, ſans le ſçavoir, les arrêts d’une force univerſelle, qui ne peut revenir ſur ſes pas. Ses actions viſibles, ainſi que les mouvemens inviſibles excités dans ſon intérieur, qui viennent de ſa volonté ou de ſa penſée, ſont également des effets naturels, des