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Conſéquemment l’Auteur avertit que quand il parle de la Nature, il ne prétend point la personnifier ; c’eſt un être abſtrait. Ainſi, pourſuit-il, quand je dis que la Nature veut que l’homme travaille à ſon bonheur, j’entens par-là qu’il eſt de l’eſſence d’un être qui ſent, qui penſe, qui veut, qui agit, de travailler à ſon bonheur »[1]. Sur ce principe fondamental du ſyſtême, on doit obſerver 1º. que le mot Nature eſt, la vérité, un terme abſtrait ; mais ce qu’il signifie, le grand tout, l’Univers, n’eſt point un être abſtrait, c’eſt l’aſſemblage de tout ce qui exiſte réellement.

2º. L’auteur ne prétend point perſonnifier la Nature. C’eſt cependant ce qu’il a fut dans tout ſon ouvrage ; par-tout il met la Nature à la place de Dieu, il lui attribue non-ſeulement de la force, de l’énergie, de l’action, mais des Loix, des régles, de la prévoyance, de la bonté, quoiqu’il aſſure en même temps qu’elle n’en a point. Par cet abus continuel des termes, le Lecteur ſe trouve déſorienté depuis le commencement du livre juſqu’à la fin.

3º. Ce n’eſt donc pas ſans raiſon que l’Auteur a été ſi laconique dans ſa définition de la Nature ; s’il y avoit inſiſté davantage, ſi le Lecteur ſe ſouvenoit toujours

  1. Page 11. Eſſai ſur les préjugés, c. 1, p. 1.