s’il faut en juger d’après l’esquisse qui nous en reste et pour laquelle il fit poser la plus jeune de ses filles. Mais la copie, la copie maudite, reprit bientôt ses droits, hélas ! quotidiens, et le maître se découragea de son rêve. D’ailleurs Théophile Gautier n’était pas homme à passer successivement du cabinet à l’atelier, et de l’atelier au cabinet ; son esprit, lent aux décisions, se désenchantait assez vite et ne résistait guère à l’obstacle. Cette étude de la Mélancolie est demeurée en ma possession, et certes ! je ne l’échangerais point contre un Rembrandt ; mais il faut bien dire qu’elle justifie peu les regrets de son auteur pour son premier métier. Il n’avait pas sur sa palette de peintre la millième partie des tons qu’il a sur sa palette d’écrivain. Le plus étrange, c’est que ce coloriste littéraire sans égal, ce patricien extraordinaire du verbe, qui a tiré des mots leur pourpre et leur quintessence de lumière, nous apparaît tout autre dans sa peinture. Il s’y révèle dessinateur correct et froid, élève exemplaire, tout imbu des bons principes et de la tradition, j’allais dire « fort en thème ». Le Gautier peintre, celui des dernières années surtout, est notoirement académique. N’est-ce pas bizarre ? J’avoue n’avoir pu encore m’expliquer comment la même main a pu tenir à la fois la plume en Véronèse et le pinceau en Chênedollé. Ô mon bien-aimé maître ! si vous m’entendez, pardonnez-moi ; mais
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THÉOPHILE GAUTIER PEINTRE.