« Ce qu’on appelle chanter juste est une pure anomalie ; la voix musicale est une maladie du larynx développée par le Conservatoire. Au point de vue des professeurs de roulades, l’oiseau chante faux, il détonne à chaque instant ; c’est pourtant dans la nature le chanteur par excellence, puisqu’il n’est créé que pour cela, chanter ! D’autre part, toi, qui chantes juste, tu fais aboyer les chiens, quand tu chantes ; moi, je ne les réveille même pas ; donc je suis dans le vrai avec mes hurlements, et vous avez tous l’oreille mal conformée, et pervertie par les solféges. »
Peut-être le maître avait-il en cela raison comme en toute chose ; toujours est-il que, s’il n’était point affecté de la voix musicale, il m’a toujours paru doué, à un degré exceptionnel, de la voix passionnelle ou dramatique. Je l’ai entendu plusieurs fois jouer, en petit comité ou même en famille, des scènes d’Hernani ou de Ruy-Blas, et c’était bonnement admirable. Mais là où il défiait toute comparaison avec n’importe quel comédien, et je connais les plus adroits, c’était dans la comédie. Il n’est pas probable que ceux qui y ont assisté aient oublié la représentation qu’il donna un jour, à Neuilly, du Tricorne enchanté, sur un théâtre