s’étioler et mourir le pauvre Ferdinand Brunetière, étouffé par l’aigle de Meaux qui le tenait dans ses griffes. — Est-ce un sort, me disait-il, que d’être préposé à cette fonction, de contraindre les camarades du dix-neuvième siècle à écrire : « tems » pour temps, sans « p », comme sous Louis XIV et à les « embester » de la sorte au nom du Savoyard à qui l’on doit George Sand ?
Ceux qui écrivaient : « temps » avec le « p » enfilaient la venelle de la rue Drouot, la seconde route de fortune, et montaient au Figaro. Le crédit de l’organe était énorme, comme il était unique. Un « en-tête » y retentissait comme gong non seulement dans la république des lettres, mais dans tous les mondes et, s’il était réussi, il créait en un jour, du matin au soir, une signature.
Depuis la mort de Villemessant, son fondateur, le journal, type et modèle de tous ceux de la petite presse, était dirigé par un triumvirat dont les Pompée, César et Crassus étaient Francis Magnard, MM. de Rodays et Périvier. Je n’en connaissais que le César qui m’avait, par des citations élogieuses, témoigné sa sympathie à plusieurs reprises. En outre, j’avais lu de lui un conte philosophique, à l’instar de Voltaire, intitulé Vie et Aventures d’un Positiviste où il s’était agréablement payé la tête d’Auguste Comte et trempait le nez dans sa doctrine à l’un de ses disciples imaginaires. Ce n’était pas « Candide », fichtre non, mais pour un Belge, car il était de Bruxelles en somme, il y avait mieux que contrefaçon. Cet in-32 me donnait mon entrée dans son cabinet directorial et me fournissait aussi, en cas de mauvais accueil, une retraite de Parthe.