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intéressant, sans compter qu’il le devient par son trépas volontaire. — C’est un troisième dénouement que vous voulez, soupirais-je, car je les ai occis alternativement, lui, selon Deslandes, elle, selon Koning. Mais vous m’obligeriez de la dernière obligation de me dire qui je dois égorger pour Bruxelles ?

Et Sarcey dit : — Ni l’un ni l’autre, et personne.

Nous nous serrâmes pour l’entendre. — Le propre d’un dénouement est de renvoyer les spectateurs, les uns avec leurs femmes et les autres tout seuls, dans cet état de contentement qui pousse à la reproduction. Les pièces qui font de l’argent sont celles qui se résolvent par un baiser, légal ou non, et là est le commerce. La mort n’est tolérable que dans les tragédies, parce qu’elle en est l’un des éléments constitutifs, attendus, préparés, ce que j’ai appelé la scène à faire. En comédie, c’est un dérobement. Les cas de casuistique sentimentale sont tous solubles sinon au Code, du moins à la nature, et la physiologie résout les plus ardus que la psychologie nous pose. Celui d’Herminie est du nombre et vieux d’ailleurs comme le monde. Mariée, elle aime hors la loi du mariage. Je suis le mari, qu’est-ce que je fais ? Je prends mon bougeoir, j’entre, et je lui fais un enfant. Puis je vais à mes affaires.

Ce troisième dénouement n’avait pas été accepté pour seul bon par l’aréopage et on en disputa autour de l’ours empaillé. — Faire un enfant, disait Adolphe Dupuis, vous en parlez à l’aise. Encore faut-il qu’elle se le laisse faire ! — Et qu’on ne le rate pas, ajoutait Gouzien. — Et l’éditeur remarquait que « fort heureusement, grand dieu », on en rate plus qu’on en réussit. C’est un jeu où l’on ne gagne pas à tout