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« romanesques » et assez « dramatiques » pour retenir ceux-là mêmes qui prisent le plus les belles rimes et les beaux couplets.

« Toutes mes opinions là-dessus vous seraient nourriture creuse puisque je n’ai pas droit de vote au comité. Laissez-les donc, mais retenez du moins ces quatre mots très sincères : « Votre caractère et votre talent m’inspirent une sympathie très vive et je voudrais bien trouver une occasion prochaine de prendre ma revanche avec vous. »

« Léon Bourgeois. »

Ce qui me faisait croire que la boule rouge était de la bouteille à billes d’Edmond Got, et je veux le croire encore, c’est qu’à la prière du grand comédien, j’étais allé lui lire un matin la pièce dans son ermitage du hameau de Boulainvilliers, à Auteuil, et qu’il en avait paru si satisfait qu’il m’en avait gardé à déjeuner. Or le cas était prodigieux et peut-être unique dans les fastes du théâtre. Personne n’a jamais pu se vanter sous le soleil, le lustre ou la lune, de s’être assis, même sur une fesse, à la table de l’illustre Giboyer, d’avoir manié son ruoltz et bu du vin de son cellier, sauf le mortel qui écrit ces lignes, et arbore ce privilège. Émile Augier lui-même, à qui pourtant il devait le meilleur de sa gloire, ne prolongeait jamais ses visites matinales au delà de l’heure où l’on mange. Dès qu’il sentait l’odeur de l’omelette dans la villa suburbaine, il prenait son chapeau et sa canne et il filait à l’anglaise. On ne déjeunait pas chez Got.

La vérité est qu’il n’y déjeunait pas lui-même, étant d’une sobriété ascétique et n’accordant aucune importance aux contingences de la réparation de dessous