Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naissez-vous déjà depuis plusieurs jours, par M. Claretie, le mauvais résultat de mon entrevue avec lui.

« Je m’en veux deux fois de vous écrire une lettre si tardive et si fâcheuse. Mais toutes mes réflexions, depuis cette entrevue, n’ont pu changer mon sentiment ; nous sommes dans une impasse.

« M. Claretie croit impossible de saisir à nouveau le comité avec la moindre chance favorable. De quelque façon, sous quelque forme que la question soit posée, l’échec est certain. Ce n’est pas par une question de procédure ; ce n’est pas parce que la pièce a été refusée l’an dernier et parce qu’on ne voudrait pas sembler se déjuger ; c’est, m’affirme-t-il, parce qu’au fond, l’opinion des membres du Comité est restée la même et qu’ils ne croient pas au succès.

« Devant cette déclaration très nette et très loyale, je ne pouvais plus insister utilement. Je puis lever des difficultés de forme, dispenser de l’application d’un règlement, insister pour qu’on ne se croie pas tenu par une tradition, mais je ne peux pas me substituer à l’administrateur responsable et aux artistes pour juger au fond l’œuvre elle-même et leur imposer mon opinion.

« Vous le voyez, c’est une impasse, et j’ai dû me borner à recueillir et à retenir cette déclaration très précise de M. Claretie : qu’il reste, plus que jamais, prêt à accueillir de vous une pièce nouvelle et qu’il l’attend.

« Il est tout à fait inutile, mon cher maître, que je vous dise que j’ai personnellement gardé mon sentiment ; que j’ai, dans ce voyage, tenu à lire, une fois de plus Le Capitaine Fracasse, et que je crois toujours les aventures de Sigognac et d’Isabelle assez