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et de la haute cocotterie d’art, foule d’élite des deux sexes appelés à se confondre. Et voici qu’un homme vert se présente à la coupe du ponton d’amour. C’est un inspecteur fluvial. — De quel droit stationnez-vous ? Levez l’ancre et filez ! — Et le petit navire se lance sur le chemin qui marche. Au coin d’un viaduc, un autre homme vert sort des roseaux. — De quel droit naviguez-vous ? — C’est un autre gendarme du fleuve. — Où est votre constat de navigabilité. Amarrez, et plus vite que ça ! — Où sommes-nous ? — Devers Grenelle. — Et toute la fête décanille. — Rien à faire, dit L… à F…, dans ce cochon de pays ! — Quant au bateau de fleurs, sans fleurs, il est retourné au fil de l’eau, au port d’Asnières, s’y est raccroché tout seul à l’anneau, et il y verdoie.

— Visite de Mme M… et de Mlle T…, de Montluçon. Elles m’apportent des nouvelles des deux sœurs, les dernières des cinq, de mon père. Paralysie, première attaque. Hélas, les pauvres vieilles filles toutes seules là-bas, dans leur bicoque du faubourg Saint-Pierre, une ancienne chapelle désaffectée ! Elles voudraient nous voir, moi et les miens, avant de mourir. Nous irons, je le promets. Il paraît qu’elles se font lire mes chroniques du Figaro et qu’elles n’y comprennent rien du tout ; elles n’en sont que plus fières de leur neveu Émile.

— Lettre de Castagnary. Il a lavé la tête à son administré.

— Seconde lettre de Castagnary. L’administré récalcitre. Le sous-secrétaire m’attend demain à trois heures pour me communiquer la lettre de récalcitrance. Je ne suis pas fâché de la connaître.

— Visite de Philippe Gille. Il a lu le Fracasse sur