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qui l’ignores. Et voilà ce que c’est que d’habiter aux Ternes. Provincial, va !

Brave Heredia, en voilà un qui ne l’est pas, « gendelettre », selon l’orthographe vengeresse de Balzac.

Dix heures du soir. Un télégramme. Il est du commandeur. Enfin ! — « Mais, mon cher Bergerat, cela peut durer longtemps ainsi. Vous m’annoncez un manuscrit. Où est le manuscrit ? — Porel. — P.-S. Je ne le veux que complet. »

Ah ! ce Ranc, quel diplomate ! Mais où est sa carte ? J’ai perdu sa carte pour Castagnary. Jusqu’à minuit je tourne et retourne mes vêtements, mes chapeaux et mes bottes. Point de carte de Ranc. Bah ! dormons, ma plume à trois becs me reste, et mon bon droit en qui j’ai confiance (Scribe).

Lundi 12 décembre. — À neuf heures et trente-deux minutes du matin, je sonne à la porte du directeur de l’Odéon, 10, rue de Babylone, retardé des trente-deux minutes par les funérailles de Mme Boucicaut qui se développent autour du Bon Marché et barrent la circulation. Tel est le paysage. J’ai sous le bras la pièce complète, recopiée par Pillot, rue Saint-Marc, et calligraphiée pour le théâtre, selon la norme et l’usage. Tel est le document. — Voici, dis-je. — Quoi ? me demanda-t-il. — Le Capitaine Fracasse, comédie en cinq actes et sept tableaux, d’après le roman que vous savez. Je vous dérange ? — Pourquoi ? — Parce que vous ne m’invitez pas à m’asseoir. — Je suis très occupé. Je ne vous attendais point. — Excusez-moi. — Mais comment donc !… Et j’ai remporté le rouleau.


Je ne transcrirai point ici la note prise ab irato sur