Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

les contremaîtres. La sainte moyenne ! Il paraît que c’est elle qui fait les cathédrales ! Elle ne fait même pas les Halles.

— Passage Choiseul, Rouquette, le libraire bibliophile lancé par Victorien Sardou, me hèle pour me dire qu’il a acheté à Frinzine l’exemplaire unique, sur parchemin, d’Enguerrande ! Je lui en offre dix mille francs. Il accepte. — Oui, mais à cinq francs par mois. — Il refuse. — C’était pour le coter, souris-je. Les occasions de s’amuser sont rares.

Lemerre (même passage) attend toujours les illustrations de Willette pour mon recueil de contes, et celles aussi de Caran d’Ache pour le Livre d’Ariel, — La Lyre comique. Mais où est Caran d’Ache ? Là où est Willette, sur des branches dans la tempête. Quel drôle de pistolet, ce Caran d’Ache, qui s’appelle tout uniquement : Poiré, et dont le pseudonyme signifie : crayon, en russe. Je lui ai publié son premier dessin, sous son nom patronymique, dans La Vie Moderne. C’était Détaille qui l’avait accrédité. Puis Caran alla au Chat Noir, où il aida puissamment à la fortune du cabaretier gentilhomme.

Samedi 10. — Porel est muet. Porel est sourd. À moins que la poste ne se refuse à desservir l’Odéon. L’illimité même a des bornes.


II

Dimanche 11 décembre (1887). — Le courrier est passé. Rien ! Comme le docteur Faust, en vain j’interroge l’espace, la nature et le créateur. Le temps