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avez en ce moment dans votre lorgnette, je possède, avec mon frère, une ferme d’assez bon rapport et d’où je tire de l’huile et des céréales. Nous avons été obligés de la fortifier. De deux nuits l’une, à tour de rôle, chacun de nous fait la veillée, le fusil chargé et les chiens lâchés, et le mercredi personne ne dort chez nous, ni maîtres ni serviteurs.

— Le mercredi ? Pourquoi le mercredi ?

— Le mercredi, au coucher du soleil, les paysans sardes de notre canton se payent une nuit de vol et de pillage, comme les marins se payent une bordée. Ils battent les chemins, dévalisent les passants, saccagent les vergers, et s’en fourrent jusque-là. C’est l’usage. On le sait, et on a le droit de se défendre. Mais le jeudi, dès l’aube, tous ces coquins papelards ont repris leurs outils de travail, et ils ont l’air de petits saints près de la herse ou de la charrue. On les prendrait pour des agriculteurs de Virgile !

— Le mercredi, dis-je, est le jour de Mercure. »

À Bonifacio, les personnes obligeantes vous font généralement visiter trois choses :

La maison Cattacciolo où habita Charles Quint ;
L’église des Templiers ;
Les grottes marines.

La maison Cattacciolo n’offre d’autre intérêt que sa légende. Elle est située auprès d’un marché couvert, non loin de l’église de Sainte-Marie. On y remarque une inscription en lettres gothiques et les armes de Gênes.

L’église des Templiers, ou Saint-Dominique, est un édifice du treizième siècle, gothique, avec des traces de roman. Son clocher à huit pans et crénelé est fort curieux. Telle est bien l’architecture con-