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pauvres Corses l’attendaient toujours. Ils sont encore mortifiés de leurs illusions.

De Sartène à Bonifacio, il n’y a à signaler que le changement graduel du caractère des paysages et quelques cocassités géologiques par où le vent de mer se révèle sculpteur de grotesques.

C’est d’abord le fantoche gigantesque que l’on appelle l’« homme de Cagne ». Il est à douze cent quinze mètres d’élévation, et on l’aperçoit de tout le Sud de la Corse. Vous dire ce qu’il représente, je n’en sais rien, et cela dépend de l’imagination de ceux qui le distinguent. Cet « homme de Gagne » m’a paru, à moi, un vague bonhomme cagneux. D’autres y percevaient une vieille bûcheronne courbée sous un fagot d’épines. Ægri somnia, dit Horace.

Le lion de Roccapina est d’une forme plus nette. L’illusion d’un lion couché sur un pic et surveillant la côte est complète. Mais tromperait-elle un véritable lion ?

Pianottoli. — On fait halte à Pianottoli, où s’embranche la route de Porto-Vecchio par la vallée de Figari. La vallée de Figari, qu’arrose et féconde un torrent, qui devrait s’appeler le Figaro, est la Beauce de la Corse. Elle abonde en céréales et fournit du froment réputé au marché de Marseille. Elle est semée de hameaux pittoresques qui m’ont rappelé la vallée de Chevreuse. C’est à Pianottoli que nous connûmes l’horreur des omelettes à l’huile ! Comme le point est très fréquenté et croît chaque jour en importance, j’espère que dans quelque temps elles y seront au beurre.

Du col d’Arbia, qu’on atteint ensuite, la vue