Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

L’intérêt maritime de la rade de Propriano n’est douteux pour personne, et l’on compte beaucoup, dans l’île, sur le développement futur de ce port.

Outre qu’il est l’abord le plus proche de la station thermale de Baracci — une source presque miraculeuse pour les rhumatisants — qu’on s’efforce de lancer, il est encore l’unique débouché des produits de Sartène et de son riche arrondissement. Déjà un service régulier de paquebots rejoint le port naissant à celui d’Ajaccio, et cela quatre fois par semaine. Le trajet n’est que de trois heures, et c’est une partie de plaisir ravissante, l’excursion en pleine mer, le long des côtes, qu’il faut se payer là, sous peine d’en garder le regret éternel.

Une troupe de thons en belle humeur bondissait autour de la nef, comme les dauphins de Raphaël dans l’enlèvement de Galatée. Le panorama des golfes déployait les changements à vue de son décor mobile, et la mer jetait, comme des tapis d’Orient, ses vagues miroitantes sur notre passage.

À l’intersection de la route que nous gravissions et du chemin de Sainte-Lucie-de-Tallano — jolie bourgade où se trouve l’unique carrière de granit orbiculaire qui soit au monde — nous rencontrons subitement des dolmens !

Oui, des dolmens, comme en Bretagne ! Ils ne se refusent rien, les Corses. Deux pierres druidiques, superposées en autel, au milieu d’un champ, et que l’on nomme ici « les Stantari ». Ces menhirs, cités par Prosper Mérimée dans son Voyage archéologique, sont classés et appartiennent aux monuments historiques. Il en résulte clairement, pour qui sait lire le livre de pierre de la nature, que le culte d’Hercule