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SAINT-FLORENT, ISOLA ROSSA, L’ALGAJOLA


La route qui unit Bastia à Calvi est, dès le début, fort belle. On la fait à pied, d’abord parce qu’elle monte pendant dix kilomètres, et ensuite parce que les plus délicieuses fleurs, variées et odorantes, la bordent jusqu’au col de Teghime.

Cette première partie du chemin ressemble, à s’y méprendre, à la Corniche, entre Eza et Beaulieu, par exemple. Mêmes arbres, même flore, même culture de vignes, d’amandiers, mêmes jardins en espaliers, et même charme. — Du col, la vue s’étend sur un double panorama, et on y a la mer à droite et à gauche. À l’est, Bastia et l’étang de Biguglia, les îles et la mer toscane ; à l’ouest, le versant des monts, le Nebbio, le golfe de Saint-Florent, et tout là-bas la verte Balagne, cette Touraine corse. On aurait beau monter plus haut, on n’en verrait pas davantage, et pourtant vous n’êtes qu’à cinq cent quarante et un mètres, c’est-à-dire à quelques enjambées de l’équilibre éternel des eaux.

Partout où, dans un paysage, la montagne s’accorde avec la mer, on a la sensation du grandiose