metières. Le temps du lierre est le temps de l’oubli.
Du reste le libérateur n’a point laissé de famille. Il ne s’était point marié, et son frère Clément était moine. Ce grand nom de Paoli n’est plus porté en Corse.
Sait-on cependant qu’un romanesque et chaste amour anima le cœur de Pascal, sans nuire à celui qui l’exaltait pour sa patrie ? Il est probable, du reste, qu’il confondait ses deux passions en une seule et les idéalisa l’une en l’autre. La Béatrix de ce Dante guerrier était une nonne, de noble souche corse, qui prit d’ailleurs elle-même une part assez active à la guerre de l’indépendance.
Quant à Clément, le moine, c’est au couvent de Morosaglia (aujourd’hui école Paoli) qu’il faut chercher la trace de cet homme, au moins aussi extraordinaire que son cadet. Clément Paoli, soldat terrible et pieux, rappelle ces évêques grands seigneurs du moyen âge qui se jetaient dans les mêlées, un crucifix d’une main et une masse d’armes de l’autre. On conte que toutes les fois qu’il abattait un ennemi, la pensée de la désolation qu’allait laisser sa mort aux êtres chers lui arrachait un cri compatissant. « Pauvre mère ! » s’écriait-il. Et il lâchait le coup infaillible.
On m’a montré dans le cloître des franciscains la cellule où Clément mourut en 1793, sous la bure du tiers ordre. Je l’ai quittée assez vite, car il me semblait ouïr les lamentations des « pauvres mères ». Il est vrai que je ne suis ni pieux ni moine.
C’est de ce couvent même que le général Pascal Paoli dirigea la fameuse bataille de Ponte-Novo, où la Corse perdit son indépendance.