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gacité ils me pressaient de leur dire comment je l’avais deviné. — En vous voyant, fut ma réponse souriante. Tous les directeurs-nés, et de tous les temps, ont le profil schématique de l’industriel qui attend une pièce de Sardou. Vous le dessinez à gauche et à droite. Mais de dos, c’est l’occiput de l’imprésario caractéristique qui, pour la pièce de Sardou, rêve d’avoir Sarah Bernhardt. — Nous l’avons, firent-ils à l’unisson. — Moi de même, — et j’exhibai ma dépêche de Vienne. Ils en furent troublés et tout « choses », ayant, eux aussi, des dépêches similaires sur lesquelles ils paraissaient compter comme La Châtre sur le billet de Ninon. Je dois dire que, s’excusant sur des préoccupations politiques qui les avaient empêchés, peut-être, de comprendre l’ouvrage, ils me prièrent de le leur laisser quarante-huit heures. Mais j’avais écopé pour Père et Mari de la même manière et dans le même bureau, et je ramenai mon ours à la longe au bruit de l’écroulement du Grand Ministère.

Entre le 26 janvier et le 15 février, date de l’arrivée de Sarah à Lyon, il s’ouvrait encore un laps de vingt jours que je résolus d’utiliser au placement de mon travail et je rendis visite à « celui » du Gymnase. C’était Victor Koning. Il est aussi du Larousse à titre de « collaborateur célèbre ». Je crois qu’il venait de la Bourse, grande ou petite. Il lui était impossible, à lui, de m’ignorer, car nous avions collaboré à plusieurs papiers publics et notamment au Paris-Journal d’Henry de Pène où il tenait la rubrique de soiriste. Je lui rappelai une pelisse magnifique où il s’enfouissait à cette époque, et qui le parait des apparences d’un boyard ou d’un samoyède,