Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tants. Mais elle est remplacée par une école secondaire, que suivent cent vingt élèves ; et si ces enfants jouissent du privilège d’être élevés au milieu d’un certain nombre de croûtes italiennes, on ne voit pas la nécessité de les en punir en les exposant deux fois par jour aux menaces de la fièvre typhoïde.

S’il est d’ailleurs curieux, et il l’est, ce palais à tout faire, de Corte, c’est pour les souvenirs historiques qu’il évoque, souvenirs chers, et à bon droit, à ses citoyens. Car, en vérité, des peintures dont il est moins orné qu’encombré, je ne sais que vous dire. On ne les entretient même plus pour la forme. Elles tombent, elles aussi, en pure déliquescence. Elles s’écroûtent, et d’énormes écailles de pâte colorée pendent de la trame sur les cadres. Il y a cependant des pièces, sinon belles, du moins importantes, de diverses écoles d’Italie et des maîtres de second ordre. Mais comment en juger ? Comment les voir seulement ? L’ombre tombe à grands plis dans les salles, et des toiles d’araignée séculaires interposent leurs vélums poussiéreux entre l’œil du spectateur et les toiles lézardées et noires.

Pauvre Joseph Fesch ! s’il pouvait voir quel cas on fait en Corse de sa collection ! Ah ! mais non, ils ne sont pas artistes, tes cousins, mon cardinal ! Ah ! sapristi !

La chambre de Paoli, que le recteur de l’école nous fit obligeamment visiter, est la bibliothèque. Elle contient des manuscrits de grand intérêt, paraît-il, et tous les papiers relatifs à la guerre d’indépendance et émanés du conseil des « Neuf ». Le dictateur, pour se garer des attentats, avait fait doubler sa fenêtre avec des volets de liège de trois pouces