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Elle est encore corroborée par cette remarque assez curieuse que le nom de Corte signifie « cour » en effet, en italo-corse.

L’admirable situation de la ville, tant au point de vue stratégique et défensif qu’au point de vue artistique et pittoresque, s’explique par la tradition locale qui veut que Corte ait été fondée par les Maures de l’occupation de 773, c’est-à-dire sous Charlemagne, et que les rois sarrazins y aient établi l’un de leurs séjours d’été délicieux. Je n’y vois, pour ma part, aucun inconvénient, et j’accorde de grand cœur la vraisemblance, n’étant pas clerc en ces questions.

Mauresque ou non, toujours est-il que ce roc de cent mètres couronné d’une citadelle à laquelle s’accrochent, comme grappes de lierre, des maisons assez vertigineuses, est d’un effet surprenant.

Sourcilleux et rébarbatif, il se plante au centre de l’île, et l’on sent que c’est là, que bat le cœur du farouche petit peuple dont l’histoire vaudrait celle des Grecs, si plus d’art l’humanisait un peu. Corte, c’est Sparte avec une acropole ; elle a, en Paoli, son Lycurgue à la fois et son Pausanias.

J’avais souvent entendu citer un dicton familier aux insulaires :

« Le Corse est Français à Ajaccio, Italien à Bastia, Corse à Corte. »

Je l’ai compris dans cette dernière ville. Corte est la vraie capitale, non seulement de l’indépendance, mais de l’esprit et du caractère cyrnéens, et Pascal Paoli en reste l’incarnation.

En Bonaparte on trouve, à doses égales, mais on trouve les trois nuances du type : l’italienne, la corse