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CORTE


Le premier aspect de Corte est réellement saisissant.

Au tournant du col de San-Pietro-di-Venaco, on débouche tout à coup devant une vallée large, profonde, encadrée de hauts monts, que deux torrents luisants sabrent en croix. On dirait d’un duel en effet entre le Tavignano, rude cavalier d’or, et la Restonica, fière amazone à l’armure d’argent, duel sonore s’il en fut et dont tous les coups retentissent au loin.

Ce tournoi s’éternise dans une lice ravagée, où des ceps de vigne brûlés et tordus par le phylloxéra figurent assez bien un champ de bataille couvert d’ossements calcinés par le soleil et décharnés par les oiseaux de proie.

L’amphithéâtre est formé par les gradins alpestres du Rotondo, et, au centre de la lice, un rocher de trois cents pieds, dégringolé là dans une secousse géologique et sur lequel s’érige une citadelle, semble être la tribune de la cour des juges du camp.

Telle est l’illusion d’arrivée.