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en gaule les châtaignes et égrène les grappes de raisin noir dont leurs branchages sont festonnés.

Un intérêt historique s’attache aussi à la ville et la signale au tourisme savant de ceux qui voyagent pour s’instruire.

C’est à Vivario que naquit, dit-on, vers l’an 816, le rude pape Formose, l’un des porte-tiare les plus batailleurs dont s’enorgueillisse la chrétienté.

De telle sorte que la Corse a eu aussi un saint-père !

Ce Formose, dont l’histoire est d’ailleurs un peu ténébreuse, a été, ces dernières années, remis en lumière par un tableau fameux de Jean-Paul Laurens.

On sait ou on ne sait pas, que le pape Formose fut déterré après sa mort par les ordres de son successeur au trône de saint Pierre, Étienne VI.

Je ne me rappelle plus très bien ce qu’il avait fait ni quel crime il avait commis contre l’Église. Toujours est-il que, exhumé, revêtu de ses habits pontificaux et assis formidablement sous le dais, son cadavre fut jugé par un concile.

On l’interrogea ; un avocat répondit pour lui, je le suppose, et il faut croire qu’il répondit assez mal, puisque l’ex-pape fut condamné à l’unanimité.

On le mutila, on le décapita, et on le jeta dans le Tibre. Des pêcheurs l’y repêchèrent et l’ensevelirent secrètement dans la basilique de Saint-Pierre, où il est encore.

Jean-Paul Laurens a tiré parti admirablement de cette scène pittoresque de l’histoire ecclésiastique, et je voyais encore à Vivario la mise en scène très simple de cette accusation posthume et du geste féroce avec