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AJACCIO. — LA CASA BONAPARTE


D’Ajaccio lui-même, rien à dire qui n’ait été rabâché cent fois par les touristes.

La ville est sans caractère comme sans importance, et son golfe seul est beau. Il est même magnifique, vu de cette place Diamant où se trouve le monument le plus grotesque qu’il m’ait été donné de contempler au cours de mes voyages.

On l’a surnommé en Corse même « l’Encrier », quoiqu’il soit élevé à la gloire de la famille des Bonaparte, et ce surnom est justifié.

C’est, en effet, comme un encrier colossal, dû au génie de Viollet-le-Duc, paraît-il, qui représente Napoléon à cheval en costume de consul romain, sur un socle carré, aux quatre angles duquel ses frères, Joseph, Louis, Lucien et Jérôme, en licteurs (!), marchent, immobiles, à la postérité.

Je ne sais pourquoi, mais l’effet est irrésistible.

Sans doute la déification, pour quatre au moins de ces héros modernes, qu’on s’imagine mieux avec des bottes qu’en péplum, est exagérée, et de là vient la gaieté irrespectueuse dont le plus grave est saisi