sans vie, où les marsouins et les thons sont plus tranquilles qu’au pôle.
Délaissées, ces grèves admirables, même par les pêcheurs ; abandonnés, ces fiords, dont les sables flamboient comme des bassines de cuivre ; inutiles, ces ports où des flottilles s’abriteraient à l’aise ! Mais le Corse habite ses montagnes ; il n’est pas homme de mer, et toujours il préférera le cheval au bateau, le fusil au filet, et la chasse à la pêche.
Les baies restent désertes et se contentent de rayonner à vide sur le miroir trompeur de la vieille Thétys atlantique.
Mais le soleil se leva et fixa les formes.
Sur les flancs écarlates des promontoires, que dominaient des cimes blanches, l’énorme graminée du maquis étageait ses velours verts laqués.
La brise sauta du nord-est à l’est, et pour la première fois je connus le parfum célèbre, ce parfum extraordinaire dont Napoléon ne pouvait parler sans émotion, qu’il reconnaissait à six lieues et que le vent lui soufflait encore à Sainte-Hélène.
Il n’est pas très aisé de rendre une senteur avec des mots, et le lexique y fait défaut. Mais d’un autre côté il ne suffit pas peut-être de dire que la Corse sent bon pour que les nez sensibles se trouvent renseignés sur son arôme.
Essayons donc d’en donner au lecteur l’illusion olfactive, et que le Dieu de Rimmel vienne en aide à ma Muse !
De même que la soupe aux quatre-z-herbes a quatre herbes, le maquis, forêt vierge de poche, se compose de huit plantes : le ciste, le lentisque, l’arbousier, le myrte, la bruyère, le romarin, le genévrier et l’olivier