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le découvrîmes enfin… à Monaco, confortablement installé dans un jardinet rocheux, reproduisant l’île de Corse, avec ses maquis aromatiques, et la petite fontaine bonapartiste qui signe notre exploration. C’était Némorin de Sartène ou pour mieux dire, l’un de ses rejetons, donné par Vincent Bonnaud, oncle de Dominique et le mien, le Jules Gérard du fauve et l’un des êtres les meilleurs dont ma philosophie m’ait acquis la sympathie en ce monde.

Quant au prince Roland Bonaparte, c’est à peine si depuis ce voyage à toutes brides et pareil à une fantasia, je l’ai, en vingt-cinq ans, revu deux ou trois fois au hasard de l’asphalte. Il est allé à la science, droit devant lui, par des enjambées plus amples que celles d’Eugène, et sa route était à contresens de la mienne. Il est aujourd’hui un savant considérable et se relie ainsi à la branche des spéculatifs de sa lignée. Il a rassuré Marianne. Sa bibliothèque à laquelle le brave et bon Escard a présidé jusqu’à sa mort, est, après les librairies publiques, la plus riche de Paris, et l’une des curiosités de la Ville Lumière. S’il ne donne plus de wallaces à la Corse, qui n’en a plus besoin, il ne s’endort point sur l’exercice de la fortune, et chaque jour les feuilles sont pleines de ses gestes de grand seigneur millionnaire. Je suis de ceux qui les suivent avec le plus d’intérêt à cause des six semaines de joie libre dont je lui ai la gratitude et que peu de camarades auront décrochées dans le commerce de la rime.

— En fait de Napoléons, disait Henri Rochefort dans sa Lanterne, je suis pour Napoléon II. Pareillement en fait de Bonapartes, je suis Roland bonapartiste et je m’en justifie sur ce voyage.