guliers et fins, à l’expression bénigne, à la tournure d’officier, et sans nul doute un boulevardier de la bonne époque du nombril, soit de l’impériale.
— Je vous demande pardon, fit-il, de me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais mon excuse est d’être corse, et votre côtelette de mouflon m’a évoqué la terre natale. J’ai reçu la vie à Sartène où le mouflon existe. Non seulement j’en ai chassé, tué au vol et mangé au pot (c’est exécrable !), mais j’en ai apprivoisé. Croyez bien cependant que s’il y en avait sur le menu du Café de la Paix, vous en verriez en ce moment dans mon assiette à la place de ces goujons de Seine dont la friture est une spécialité de la maison et que je me permets de signaler à votre gastronomie exercée.
Enfin ! je le tenais et l’avais devant les yeux l’homme qui avait vu le mouflon ailleurs qu’en gravure dans les livres de zoologie ! Le mouflon n’était pas un « chastre » de Méry. Il en avait tué, mangé et domestiqué. — Ah ! monsieur, vous venez de rendre la paix, dans ce café qui lui est consacré, à l’âme perplexe de…
— …Caliban, acheva-t-il comme dans les romans dialogués du père Dumas, et il me tendit en même temps sa carte de visite.
Il n’est parisien de mon âge qui n’ait connu et par conséquent aimé, cet affable et jovial Vincent Bonnaud, l’oncle même du chansonnier Dominique Bonnaud, qui était le secrétaire particulier du prince Roland Bonaparte. Au bout de dix minutes nous fûmes verre à verre, nos atomes s’étaient accrochés et une vive amitié s’était entre nous nouée, que la mort seule délia.