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de sir Tollemache Sinclair, si elle a été dépassée par les symbolistes, vous initiera suffisamment à ladite méthode. Je l’ai prise au hasard du coupe-papier dans Pleurs et Sourires. La lutte, on va le voir, est entre Racine et Shakespeare.

Qui n’a senti un’ blessur’ se moqu’ des balafr’s,
Mais douc’ment quell’ lumière perc’ par c’ treillag’ ?
C’est l’Orient et ma bell’ Juliett’ est l’ soleil,
Lèv’-toi, beau soleil et tu’ vit’ la lun’ envieus’
Qui est déjà malad’ et tout’ pâl’ d’ douleur
Que toi, sa servant’ tu sois plus bell’ qu’ell'.
Ne sois pas sa servant’ puisqu’ell’ est si jalous’
Sa livré’ vestal’ n’est qu’ malad’ et tout’ vert’
Et nul qu’ les imbécil’s la port’nt. R’jett’-la !…

Et ainsi de suite. Il est évident que la réforme ne pouvait guère prendre, autre part que dans les chansonnettes où elle était déjà populaire. Antoine peut tout oser à l’Odéon, mais une transplantation de Shakespeare sous ces espèces, voilà ce dont je le défie à pied et à cheval. Il n’en va pas moins que pendant dix ou douze ans, le Pinde français nous a versé l’eau de cette Aréthuse, et tout le consulat durant du bon Stéphane. Aussi n’est-il pas oiseux de dire à qui nous dûmes ce mouvement et d’en rendre au moins la gloire à sir Jean-George Tollemache Sinclair, député de Caithness, en Écosse, et je le dis.