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à la façon de Mark Twain et d’Alphonse Allais, soit par mode d’ironie, eironeia en grec, comme disait Paul Arène, mais je suis de ceux pour qui cette démonstration est la plus scientifique, et si Jules Barbier et Michel Carré ne trempaient pas un peu dans l’affaire, vous me verriez parfaitement convaincu que Gœthe n’est pour rien dans son Faust et qu’à Gounod en revient tout l’honneur.

Permettez-moi de signaler encore à votre bibliophilie l’essai magistral de roman nouveau, ou, si vous l’aimez mieux, l’essai nouveau de roman magistral, qui est l’une des gloires des deux tomes. C’est le roman express, télégraphique même, à l’usage de ceux qui n’ont pas de temps à perdre, et qui en a, même en automobile ?

Ce roman est intitulé Et cœtera. Non seulement il peut être lu par tout le monde, mais il est portatif, et primable par n’importe quelle Académie, et encore il offre ce prodige de sobriété de condenser en trente lignes la matière de trois volumes, d’ailleurs à trois francs cinquante. En voici un extrait à titre d’inoubliable spécimen :

« Premier volume. — Les derniers rayons doraient… etc…, quand un jeune homme dont l’apparence indiquait… etc… Il descendait la colline qui… etc… une jeune fille dont… etc… Quoi, s’écria le jeune homme ardent, te donner à un autre, et… etc… La jeune fille tomba… etc… Il n’en fallait pas davantage pour que… etc…, etc…, etc.

« Deuxième volume. — Dix mois avaient passé depuis que… etc… Quand le même jeune étranger, toujours ardent, car, etc… etc… Il descendait la même colline où déjà la lune… etc… Un homme