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ment ou de ma suppression collaboratoire. — Vous m’arrachez toute la bourgeoisie, me disait-il ; et ce parti auquel M. Thiers a donné son nom, plus l’h des tours de Notre-Dame. — Quoi ? — Eh bien oui, le T (h) iers État. Rétractez-vous, je vous en prie.

Me rétracter, je ne le pouvais pas, d’abord parce que ma conviction était absolue — Thiers ne pouvait être que le Roger Bacon de Scribe et Scribe que le Shakespeare de Thiers, de toute éternité — et ensuite parce que je jouais, au désaveu, le crédit considérable que j’avais acquis dans cet ordre de recherches, et cela au Figaro même pendant une précédente gérance, sous mon pseudonyme… j’allais dire : shakespearien. Il m’avait été donné en effet de découvrir dans mes papiers de famille que le Masque de fer n’était autre que… Molière, et cette fois-là, non seulement les abonnés mais tout le monde savant avait marché.

Il marche encore.

La thèse, reprise gravement par un professeur d’Orléans, en proie aux congestions de province, a fait, comme on dit, des petits qui ont grimpé aux académies et poussent aujourd’hui sous les dômes les coassements de l’érudition à l’allemande. Ce par où ma fierté le dispute à ma joie, ai-je besoin de vous le dire ? Avec mon Molière-Masque de fer je fais la pige, ce me semble, au docteur belge qui lance son lord Rutland dans les jambes du vieux Will. Ça te la coupe, cadet brabançon !

Il n’est guère probable que quelque lecteur ait gardé le souvenir de l’article — « irréfutable » disait si drôlement Francis Magnard — qui lança