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xxxxxMon enfant, ma sœur,
xxxxxSonge à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !…

À relire les vieilles notes qui me servent à fixer ce souvenir, l’étonnement me vient que, depuis tant d’années, on n’ait pas encore songé à mettre en lumière ladite correspondance de cette Jeanne Duval avec son lamentable « miché », puisqu’il n’était que cela pour elle. Il y a là, pour les amateurs du genre nécrophore, un « Elle et Lui » et des « Lui et Elle » qu’ils négligent, et l’intérêt du peluquero de Baudelaire n’en laisse rien à celui du pagello de Musset. Il l’emporte même par la qualité. Que dis-je, j’y sens de la conférence, avec projections des Antilles et récitations de poésies congruentes par de bons diseurs, s’il en reste, et il en reste.

On ne saurait trop farfouiller les dessous de la tunique de Nessus dont l’éternelle Déjanire revêt les Alcides du génie.


Je signale la pareille opération de librairie à faire sur le cas d’Henry Murger, dont, le même jour, et par rapprochement d’idées, Poulet-Malassis me désossa le poème. Il me dévoila la vérité vraie, car la littérature n’est que de la vérité fausse, et le document humain de cette Mimi qui avait fait sangloter ma jeunesse, et dont le trépas, qui ne fut qu’un décès, illusionne encore les abonnés de l’Opéra-Comique.

— Non, me dit l’éditeur des poètes, la Mimi de Murger n’était pas la grisette touchante sortie du crâne du bohémographe. Je l’ai connue, elle aussi, et je l’ai vue plus d’une fois chez lui, rue Mazarine,