deux merveilles de vers comique, et les garda, comme il fait de tout ce qui est original ou parfait en littérature dramatique.
Après Théophile Gautier, et à sa suite, notre cher maître Théodore de Banville tenta de ramasser la batte, et certainement il la tiendrait en main, s’il ne fallait pas quinze ans, en France, pour qu’une comédie en vers d’un acte se manifeste à la scène.
On n’apprend pas à fabriquer le vers comique. On sait le faire en naissant, et c’est ici que la nature a toute la besogne. Car, de tous les dons rares, celui du vers comique est le plus rare, sinon le plus précieux. Enfermer le rire dans un grelot d’argent ? Il y faut un orfèvre doublé d’un magicien.
Cet amusant Regnard, dont les conceptions n’ont souvent pas le sens commun, et qui ne se pique pas de philosophie bien profonde, me paraît être le type du versificateur comique. Les vers hilares tintent autour de lui comme les clochettes d’un chapeau chinois. Molière, jeune, et jusqu’à L’École des Femmes inclusivement, eut ce don, que nourrit seule la jeunesse, ou, à son défaut, la bonne humeur, cette santé de l’âme. Il sema les vers comiques à pleine main tant que sa main fut libre. Plus tard lorsqu’il tourna à la mélancolie, son vers se dépolit aux facettes ; le pur cristal en est touché ; son rayonnement louche vers la prose, cette prud’homie.
Et de fait, si l’on sommait la critique sérieuse de nommer douze poètes depuis Mathurin Régnier qui aient su faire rire le vers, ils seraient dans leurs petits cothurnes. Il y a Scarron d’abord. Puis Corneille dans Le Menteur. Racine surtout, dans Les Plaideurs le chef-d’œuvre du genre. Ensuite La Fontaine,