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d’autre que la facilité. Mais chut ! Pourquoi divulguer un secret que je tiens de Polichinelle lui-même ?

J’ai souvent pensé et je crois bien l’avoir écrit dans les innombrables articles que j’ai semés depuis vingt ans à tous les vents, que le comique est une des faces du lyrisme. Le couplet comique, c’est l’ode en goguette. C’est pourquoi il est si regrettable que Victor Hugo, fidèle à son idée du drame, ne nous ait point laissé de modèle de comédie pure. Il nous aurait débarrassé d’un coup de l’école élégiaque et du vers pipelet et « Second Empire ».

L’un de ses plus intelligents disciples, Auguste Vacquerie, tenta cette comédie dans son Tragaldabas. Il écopa. Le coup sans doute était prématuré. Si Le Rappel avait existé en ce temps-là, les fils de Ponsard étaient noyés, car il faut pouvoir se défendre, dans un monde où chaque jour apporte son combat pour la part de soleil.

Alfred de Musset — le plus doué de tous les grands contemporains pour l’art du théâtre, et celui qui y croyait le moins — eut certainement l’idée de la comédie en vers, telle que nos mœurs et notre Poétique la demandent, telle qu’on la réalisera demain. Mais il ne put dompter une paresse, faite de découragement peut-être, devant le triomphe des mirlitonistes du bon sens. Il commença On ne badine pas avec l’amour, en vers, et l’on retrouve encore un grand nombre d’hexamètres dans la prose rythmée et métaphorisée de cette esquisse théâtrale, notamment dans ses premières scènes. Puis il se lassa et prononça l’éternel : À quoi bon ? des véritables artistes de notre âge.

Hélas ! à quoi bon en effet, puisque le tabellion tra-