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propre, qui me rend heureux, et que je ne ferai pas deux pas pour imposer aux autres. Puisque de braves gens croient devoir soumettre ce produit devant le public, je les suis dans leur aventure. Et comme ils me demandent encore un exposé de principes par où ceux qui veulent me comprendre pourront se raccrocher, je risque l’exposé de principes.

II

D’abord, et sur tout autre point, La Nuit Bergamasque est une recherche de « vers comique ». Le « vers comique », qui n’a pas dit son dernier mot avec Regnard, n’a plus parlé cependant, depuis cet auteur, au théâtre. Au moins il n’a plus parlé en maître. Il s’est effacé devant la prose et devant le vers tragique. Soit que les mœurs l’aient voulu ainsi (et je n’en crois rien), soit que la veine fût tarie à cette source poétique du génie français (et je ne le crois pas davantage), le Romantisme n’a point suscité d’héritiers à Regnard. Le drame, formule nouvelle, en qui et par qui devaient s’unir et se fondre les deux forces opposées d’expression scénique, le Rire et les Larmes, semble avoir été tout de suite insuffisant à réaliser son programme. Le drame chez Victor Hugo penche beaucoup plus (presque tout entier) vers la tragédie que vers la comédie. L’équilibre des deux forces n’y est point observé. Eschyle y mange la part d’Aristophane. Est-ce donc que le problème soit irréalisable ? Pour les auteurs, non. Mais pour le