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parvenus à enterrer la pièce. La salle contient 350 à 400 places et la scène est aménagée très suffisamment.

« Voilà donc l’objet de cette lettre. J’ai été navré ces jours-ci en apprenant que Le Capitaine Fracasse était en projet à l’Odéon. Cela augmente les chances pour que vous m’envoyiez tout bonnement promener, mais ça ne fait rien, j’ai bon espoir. J’attache une importance énorme à cet acte qui soulèverait une curiosité et un intérêt réels chez les lettrés et dans la presse.

« Vous devez être très indulgent. Aussi, si je vous semble outrecuidant et indiscret, je crois que vous m’excuserez. Il faut bien se remuer un peu pour faire quelque chose et vous voudrez bien nous accorder cette circonstance atténuante que nous n’avons ici aucun autre intérêt qu’une préoccupation, très noble en somme, de passer nos loisirs d’employés le moins bêtement possible.

« Encore une fois pardon de cette importunité et veuillez recevoir l’assurance de mon plus entier dévouement.

« A. Antoine,
« 42, rue de Dunkerque. »

Je ne sais si je m’abuse, mais il me semble que cette lettre, vieille aujourd’hui d’un bon quart de siècle et que les lutins de mon âtre me replacent obstinément sous les yeux toutes les fois que je mets un peu d’ordre dans mes papiers, se revêt aujourd’hui d’un grand charme rétrospectif ; aussi est-ce à ce titre que j’en livre le document à l’historiographie théâtrale. Mes lutins ainsi me laisseront tranquille.