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c’est votre étoile. — Bien, finissons-en. Venez.

Au coin de ce même passage des Princes, et ouvrant sur le boulevard des Italiens, il y avait un magasin qui servait de dépôt-réclame à une marque de Champagne. La boutique était à louer. J’entrai. Un vieux bonhomme, préposé au dépôt, somnolait au comptoir entre des fioles à goulot d’or. — Combien ? fis-je. — La bouteille, six francs cinquante. Mais nous ne vendons pas au détail. — C’est le prix du loyer que je vous demande. — Dix-huit mille francs par an. — Ce n’est pas cher, releva froidement le fatidique Saint-Juirs. — L’adresse du propriétaire ? — M. Mercier, à Épernay. Marne. France. — Merci. — De rien. — Salut.

Quand on roule au gouffre, il est inutile de crier. Nous nous attablâmes au café Cardinal. — Garçon, deux bocks et tout ce qu’il faut, en sus, pour écrire. — Un quart d’heure après, l’aile de la poste emportait à Épernay la lettre suivante. — Monsieur Mercier, j’ai l’honneur et le plaisir de vous louer votre magasin du boulevard des Italiens pour y installer les bureaux d’un journal. Recevez…

« La Vie Moderne » était fondée. Deux bocks : un franc. Pourboire : vingt centimes. Timbre : quinze centimes. — Il me restait treize sous sur les quarante.

II

Le lendemain, j’eus la réponse à ma lettre charentonnesque. M. Mercier, d’Épernay, me fixait un rendez-vous dans le magasin même, 7, boulevard des Italiens,