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second Théâtre-Français ; il tenait l’intenable Odéon. — Il est fort aimable, m’avait-on dit et il est fou d’orthographe. Mais s’il vous glisse après lecture qu’il n’est pas seul et qu’il a un associé, tirez-vous des grègues. C’est la formule, elle équivaut à la réception à correction de la rive droite. — Cet associé était Paul Porel. Quelque abondante qu’ait été la zizanie dont Porel a semé l’ivraie et l’herbe folle sur ma route littéraire, je vénérerai toujours en lui l’homme qui a aimé l’Odéon comme on adore une maîtresse. Il l’a chanté en deux tomes in-octavo qu’il présentera au Juge dans la vallée de Josaphat et sur la foi desquels il passera d’emblée du côté droit de la houlette. Oui, sachez-le bien, l’Odéon immortalisé par son féal Paul Porel aidé de l’aède ou aédé de l’aide de l’archiviste Monval, aujourd’hui dans le sein de Molière, cet Odéon sacré et qui jamais, grâce à eux, ne deviendra ce Temple des herbes potagères que tout sur la terre et sous les cieux le menace de devenir, l’Odéon a été sauvé par l’amour délirant de son historiographe. Antoine lui doit l’empire.

Or je l’avais blagué, cet Odéon, dans les papiers publics, selon la norme immémoriale, je l’avais même localisé, sur des adresses de lettres, en Seine-et-Oise, pour défier la Poste ; et déjà, de ce méchef, Porel me gardait une dent éléphantine. En outre, il ne croyait pas à Le Nom, dont son associé lui avait communiqué le manuscrit. Fait étrange et inscrit de toute éternité au grimoire des astres, ce fut pourtant dans l’incarnation de l’un des rôles de l’ouvrage qu’il décrocha la timbale d’or de son mât de cocagne de comédien et qu’il sortit de Seine-et-Oise.

Charles de La Rounat ne reçut pas Le Nom sans