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« — Jamais, disaient ceux-ci, nous n’aurons cette Marseillaise de la paix que Lamartine lui-même a manquée en 48.

« — Parce qu’on aime la République sans y croire, disaient les autres.

« Et quelques-uns criaient à la pénurie de bardes, simplement.

« Le reproche piqua au vif deux de nos collaborateurs, bardes eux-mêmes, qui se concertèrent un moment et disparurent sans mot dire. Une heure après ils rentrèrent, requirent le silence et entonnèrent à l’unisson, l’un baryton, l’autre ténor, ce « Chant des Drapeaux » dont nous offrons la primeur à nos fidèles lecteurs et abonnés.

« — C’est du Pierre Dupont, fut le jugement unanime de la rédaction qui, dès le deuxième couplet, reprenait en chœur le chant, rythmé comme une marche, et en acclamait les auteurs.

« Ajoutons que le « Chant des Drapeaux » sera exécuté à l’orchestre par deux cents choristes, en gala populaire, au Théâtre du Château-d’Eau, le quatorze juillet, gratuitement, par les soins du Voltaire. »

Beaucoup moins réclamière et plus amusante peut-être, voici quelle était la vérité vraie sur cette tyrtéenne. Le directeur du Voltaire, ce Jules Laffitte, que je vous ai portraituré, homme cocasse et frénétique, s’était, à la suite du succès de l’Homme masqué, pris pour mon écriture d’une passion implacable, voire persécutrice. Il n’en voulait plus que de mon encre. Il avait fallu, bon gré mal gré, que je prisse non seulement la férule des beaux-arts, mais encore celle de la critique dramatique que Zola ve-