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reaux. Il y en a pour tous les genres de spleen qu’engendre le brouillard biblique.

À l’entrée de jeunes rôtisseurs en délire, nous ont offert, sur des plateaux, des côtelettes de mouton grillées, froides, que, de leurs dents de cachalot, les amateurs décharnent d’un seul coup, jusqu’à l’os. Régal étrange, surtout quand on sort de dîner.

Nous longeons de petites exhibitions de machines à coudre, d’instruments aratoires et de chaudronnerie d’art, alternées d’étals de bibles d’exportation, de chromos de la reine et de la famille régnante, de bocaux à cyprins et de couteaux à trente lames. Le sherry, le whisky et les ales ruissellent aux grands pieds des almées cosmopolites. Trois gymnastes voltigent et n’en font qu’un dans la nuée opaque et fétide. En un guignol sans joie, s’agitent et trépignent les possédés de la gigue, danse de Saint-Guy nationale. Mais le clou, c’est la tauromachie en chambre du premier étage. Oh ! le pauvre bœuf banderillé par des singes, un clou, vous dis-je, mais à se pendre. Comme il beugle, là-haut, l’oncle ! Fuyons !