haute : à mon avis, trop de réminiscences la déparent. C’est ainsi que la phrase principale de la seconde partie est moins à son auteur qu’à Félix Mendelssohn et que nous y avons reconnu la marche nuptiale du Songe d’une nuit d’été. M. Benoit sait tirer parti des voix humaines et des contrastes que donnent leurs oppositions, mais son orchestration est plus maigre que de raison : elle ne joue pas toujours le rôle symphonique qu’on est en droit d’espérer de la science du musicien. La dernière partie contient un air fort heureux et trouvé : il était populaire le soir même et tout le monde le chantait, le sifflait, ou le fredonnait dans les rues. Le musicien en M. Benoit est trop indécis ; il flotte de l’opéra à la musique d’église et passe du sacré au profane sans crier gare et prévenir les gens. Son succès a été extrême ; le maire s’est élancé sur la tribune et l’a embrassé devant toute la ville, avec une bonne tape sur l’épaule, d’un caractère moins officiel mais plus fraternel. Pendant cette brave scène, si attendrissante, je songeais à notre pauvre Berlioz, qui, lui aussi, a fait de belles cantates, et qui n’a jamais été embrassé par personne au nom de la France.
Les vers de la cantate sont d’un poète fort estimé en Belgique, M. Julius de Geyter ; c’est d’un bout à l’autre un hymne à la gloire d’Anvers ; lauriers y rime à guerriers dans la mesure requise, et fort honorablement.
Mais le succès a été pour le carillonneur. C’est un admirable artiste que le carillonneur d’Anvers ; il a fait tintinnabuler ses cloches argentines avec un esprit et une poésie pénétrants. Dans ce silence solennel, où palpitait pour lui un public de 50 à 60.000 au-