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II

GRAND’MÈRE


Donc ma bonne grand’mère se prénommait Flore, étant d’un temps où l’on osait s’appeler Jasmin en souvenir de la nature. Il est à remarquer que, l’Empire durant, peu de mères baptisaient leurs fils : Napoléon, et pour cause peut-être. Ce suffixe glorieux ne vint en usage que sous la Restauration et plus encore sous Louis-Philippe, de pacifique mémoire, par ce goût ethnique d’opposition qui nous rend, disent les mauvais bergers, impossibles à paître.

Flore Morel, étonnamment jolie et charmeresse, était en outre gaie comme pinson, et même comme Mimi Pinson, et toujours prête à rire. C’est d’elle sans doute que je tiens cette humeur joviale dont Beaumarchais préconise la philosophie, comme si elle était acquérable par raisonnement ou exercice. Elle ne l’est pas ; c’est un don de fée, presque toujours atavique. Je le crois formé par l’équilibre