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ment, quoi ? — Oui, la rue Saint-André-des-Arts ! Loin de le dérider, cette calembredaine d’atelier le gourme. Il la rumine, tête basse, profondément. Je sens qu’il me la chipe et qu’il la replacera. C’est pour le cigare de sept lieues.

En Italie ses préférences restent à Raphaël. Quelle ligne, quelle couleur ! On est injuste pour Raphaël, comme pour notre Bouguereau, en France, d’ailleurs. Bouguereau dessine. Ce qui l’étonne c’est ce surnom de : forte narine qu’on colle à sa maîtresse, car elle l’a plutôt menue : — Qui ? la maîtresse de Bouguereau ? — Non, de Raphaël.

Qu’est-ce qu’il dit ? Veut-il parler de la Fornarina ? Ce n’est pas possible. J’y suis, c’est ce farceur de Chaplin qui l’éduque en art, lui aussi comme elle. Ah ! l’animal ! On prévient, que diable !

Je jette le cigare pour m’enfuir.

— Oh ! vous ne vous en irez pas sans voir mon aquarium !

Son aquarium ! Il en a un. Serait-ce un brave ?

Je m’excuse. Je ne distingue pas un goujon d’une baleine, parole d’honneur. Et puis je suis attendu au Journal officiel pour un article… sur Rembrandt.

— Rembrandt… le clair-obscur… les bruns dorés… quel alchimiste, clame-t-il, jacquot de Chaplin, sur son perchoir.

Attends, toi, mon bonhomme ! De ta suite j’en suis, Tcharles !

— Vous savez qu’on vient de découvrir son procédé, lui dis-je, on a analysé les bruns dorés de l’alchimiste. Le secret est très simple. Rembrandt se servait d’huile de hareng saur !