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chez-y notre cher Théodore Maillot. Ménard le connaît aussi parfaitement, et vous mettra au courant de son esprit et de son caractère original et sympathique !

« Paul Baudry. »

Dans ces trois lettres, l’homme se montre successivement sous ses faces caractéristiques d’esthéticien et d’érudit de son art, d’ami délicat, de patriote ardent, de lettré et de cœur bienveillant et bon ; mais l’artiste se révèle, lui aussi, avec sa préoccupation de Beau idéal, et cet appétit de perfection qui le classe dans la famille des maîtres. Par sa recherche, Paul Baudry n’appartient que fort peu à ce temps de réalisme transcendant et d’objectivisme à outrance, qui bannit de sa poétique toute poésie, de sa philosophie toute sophie, et qui ne veut se renouer par aucunes traditions à aucune École.

Baudry est traditionaliste. — Il admet à priori cette vérité que Raphaël, Michel-Ange, Corrège et Léonard sont des génies tout à fait recommandables ; il va même jusqu’à accorder qu’ils honorent l’humanité, et, à l’âge heureux (25 ans) où l’on sait tout sans avoir rien appris, il poussa la faiblesse jusqu’à aller les étudier à Rome et à Florence, et même, proh pudor ! à les copier. Sans doute il acquit au commerce de ces modèles une de ces éducations puissantes et complètes qui mettent dans la main d’un artiste toutes les ressources de son métier, l’initient à tous les mystères du Beau et lui synthétisent la science des siècles accumulés. Sans doute il y gagna de pénétrer intimement dans les grandes âmes de la Renaissance, d’élargir la sienne à leur contact, et