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vante, c’est dire s’il est compétent, autant que fidèle.

Voici d’abord le résultat, sténographié, de ma petite enquête :

— « Allô, allô… Vous qui avez tous les ordres, tous, tous, sans exception, êtes-vous décoré du Louton ? — Qu’est-ce, le Louton ? Non, cet honneur n’existe pas. — Il a existé. — Impossible, je l’aurais. Mais d’abord sous quel règne ? — Sous Rouher, le vice-empereur. — Allons donc, blagueur. Vous oubliez que vous parlez à un homme qui n’en a pas laissé échapper une et dont le nom a fourni des rimes riches à Victor Hugo ! Il n’y a pas d’ordre du Louton, il n’y en a jamais eu. — J’en possède les statuts que je tiens à la main en vous parlant. Voulez-vous que je vous les lise ? — Non, je m’habille dare dare et je saute chez vous déjeuner. — Venez. »

Et mon vieil ami des Châtiments est venu, nous avons déjeuné ensemble, puis je lui ai montré la découpure… Il a secoué tristement la tête, et je crois qu’il n’ira plus très loin. Je lui ai porté un coup. Il n’a pas eu le Louton, c’est le seul, et il est trop tard… Nous sommes à présent en République, et la Vertu règne. Voici les statuts de cet ordre du Louton, ignoré des Suétones, des Tacites et des Juvénals du Second Empire ; je les transcris textuellement, cela va sans dire.

Statuts de l’Ordre du Louton

« Article premier. — À l’occasion de la Saint-Babolain, fête centenaire du Louton, l’Ordre du Louton est institué. Il comprend 24 dignitaires, 9