IX
QUELQUES BOULEVARDIERS :
PAULIN-MÉNIER
Au printemps de ma vie, il y avait un cousin germain de ma mère qui, tout à fait enragé de théâtre, ne quittait pas le Boulevard du Crime. Il en avait vu toutes les pièces, il en connaissait tous les acteurs, et son jugement faisait loi dans ma famille. Or, celui qu’il préconisait entre les meilleurs de la ville, où il en florissait alors d’admirables, c’était Paulin-Ménier. Il lui soumettait tous les autres. — Je t’emmènerai un soir au Courrier de Lyon, me promettait-il, et ce comédien-là, mon petit, tu ne l’oublieras plus. Il tint sa promesse, en effet, et depuis ma quinzième année, rien de Choppard, dit l’Aimable, silhouette, geste et voix, ne s’est décoloré dans ma mémoire.
Aussi me fis-je raconter par le cousin tout ce qu’il savait de l’artiste. Populaire au Boulevard du Temple, il se plaisait à esbrouffer les bourgeois par des costumes de ville d’un bousingotisme effréné, où le